La microkinésithérapie est une approche de soins manuels pratiquée par des professionnels de santé qualifiés, tels que des kinésithérapeutes ou des infirmiers, et elle vient en complément de la médecine traditionnelle. Développée dans les années 1980 par deux kinésithérapeutes français, Daniel Grosjean et Patrice Benini, cette méthode vise à améliorer l'état de santé en réalisant de très petits mouvements. Selon Daniel Grosjean, l'objectif n'est pas de mobiliser les muscles comme dans la kinésithérapie classique, mais plutôt d'explorer une dimension différente : celle des rythmes vitaux.
Comment se déroule une séance de microkinésithérapie?
La séance de microkinésithérapie dure entre 30 et 45 minutes. Après un interrogatoire du patient, le praticien cherche à soulager divers maux tels que des douleurs au dos, des troubles du sommeil, une fatigue chronique ou des problèmes de peau. Cette approche repose sur l'idée que le corps accumule des traumatismes dans ses tissus, mais qu'il peut se régénérer à condition de lui indiquer la voie. Selon son fondateur, "le thérapeute ne propose pas quelque chose de nouveau, mais s'efforce de comprendre pourquoi le corps peine à éliminer un dysfonctionnement et stimule sa capacité à s'auto-réparer".
Le praticien formé commence par palper les zones douloureuses ou dysfonctionnelles. "En posant nos mains, nous recueillons des informations sur la cause : toxique, infectieuse, psychologique ou héréditaire", explique-t-il. Souvent, la lésion initiale n'est plus accessible car le corps a tendance à la dissimuler. L'objectif est de déterminer le type de compensation que le corps a mis en place pour gérer ces "fermetures". En levant ces inhibitions, l'intention est de rétablir l'harmonie dans le corps.
Est-ce une pratique reconnue?
Bien que la microkinésithérapie séduise certains praticiens et patients, elle ne fait pas l'unanimité parmi les kinésithérapeutes, médecins et autorités de santé. Jean-François Dumas souligne que "la microkinésithérapie n'a rien à voir avec la kinésithérapie, elle n'est pas enseignée dans les instituts de formation et n'est pas reconnue par l'Ordre". Selon lui, promettre de soulager des douleurs chroniques ou même d'éliminer des inflammations ou des tumeurs lors d'une seule séance revient à tromper un patient déjà vulnérable. En outre, plusieurs patients ont exprimé des plaintes à l'Ordre concernant cette pratique, et certains praticiens ont été sanctionnés, comme une praticienne récemment suspendue pendant deux mois à Metz. De plus, la microkinésithérapie est étroitement surveillée par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.
Faut-il se méfier de la microkinésithérapie?
Charlatanisme ou pratique émergente pouvant gagner en reconnaissance à l'avenir ? La perspective du créateur de cette méthode est tout autre. Daniel Grosjean défend sa pratique en affirmant : "Nous sommes classés parmi les thérapies complémentaires, et notre rôle est d'aider les patients à se sentir mieux, surtout lorsqu'ils attendent des résultats de la médecine conventionnelle, que nous respectons. Cela fait 45 ans que nous travaillons sur cette technique, qui est enseignée en Pologne, et des études scientifiques montrent son efficacité."
Effectivement, plusieurs recherches ont examiné ses bienfaits pour des douleurs dorsales et cervicales. Cependant, ses détracteurs avancent que l'effet placebo pourrait jouer un rôle significatif. Néanmoins, une étude contre placebo sur des patients souffrant du syndrome du côlon irritable, réalisée en collaboration avec un service hospitalier, révèle des résultats encourageants. Jean-François Dumas conteste en déclarant : "Nous n'avons pas de préjugés, mais aucune étude à ce jour ne prouve l'efficacité de cette technique sur d'autres pathologies, à l'exception du côlon irritable, mais cette étude est également remise en question."
Une autre étude, menée sur des rats soumis à un stress intense et traités par microkinésithérapie, a montré, grâce à des analyses sanguines, que les marqueurs de stress étaient significativement plus bas chez les rats traités que dans le groupe placebo. Cependant, l'Ordre des kinésithérapeutes considère ces preuves comme insuffisantes. Daniel Grosjean nuance : "Nous avons nos limites, mais certaines indications ont été évaluées. Le souci, c'est que l'on ne peut pas évaluer notre pratique par pathologie."
Bien que récente et controversée, cette technique partage des fondements communs avec l'homéopathie. Daniel Grosjean reconnaît : "Les patients qui viennent à nous se trouvent souvent en difficulté avec la médecine traditionnelle. Si le charlatanisme existe, notre pratique propose généralement une seule séance, parfois une deuxième." Ces lignes directrices peuvent être suivies ou non par les praticiens. Il est aussi envisageable de proposer une séance annuelle, le coût étant fixé par chaque praticien autour de 70 €, selon microkinésithérapie.fr. Cependant, ce montant n'est pas remboursé par la Sécurité sociale, mais certaines mutuelles peuvent le prendre en charge.
Étant donné que la pratique n'est pas officiellement reconnue, il est difficile de déterminer avec précision le nombre de praticiens offrant ces séances, leurs tarifs et leur fréquence. Il convient donc d'exercer une certaine prudence. Comme pour toutes les médecines complémentaires, la microkinésithérapie peut apporter une aide, mais ne doit pas remplacer un traitement, surtout pour des pathologies graves ou chroniques.
